Depuis 1976, l’Institut Médico-Éducatif (IME) de Quimperlé accompagne les enfants en situation de handicap à préparer leur vie future. L’établissement s’applique à valoriser le potentiel de chaque élève pour qu’il soit autonome dans la vie de tous les jours.
« C’est un circuit scolaire différent de l’ordinaire mais les élèves y apprennent à devenir indépendant et à s’insérer dans la société » explique Christian Mourice, du groupement APAJH 22-29-35 qui gère l’IME François-Huon de Quimperlé. Composée d’une SEES (Section d’Éducation et d’Enseignement Spécialisé) pour les 6-14 ans et d’une SIPFPro (Section d’Initiation et de Première Formation Professionnelle) pour les 14-20 ans, l’école adapte son apprentissage à chaque enfant. « On travaille leur projet de vie dès leur arrivée. Il faut vraiment qu’il émane de l’élève, qui est suivi par des référents éducatifs et un service de soins qui l’accompagnent tout au long de son parcours à l’IME et l’aide à développer ses potentialités » explique Aurélie Guillou-Guéguen, responsable de service.
Au sein de la SEES (28 élèves), les enfants intègrent des classes où sont enseignés les mathématiques, le français, l’histoire, la géographie. En SIPFPro, ce sont notamment des « classes-ateliers » qui mêlent des apprentissages scolaires et professionnels. « Une chargée d’insertion professionnelle rencontre les jeunes individuellement ou collectivement de manière régulière pour les guider et faciliter leur orientation vers d’autres établissements, explique le nouveau directeur Julien Filippucci, arrivé en mai. D’ailleurs, dès la SEES on les prépare à intégrer des ateliers et on organise leur mise en stage, comme pour les élèves de 3e. » Une fois les premières lignes du projet de vie posées, la SIPFPro (70 adolescents et jeunes adultes) propose, en plus des classes, 5 ateliers : collectivité, menuiserie, métallerie, restauration, horticulture-espaces verts. Les deux derniers sont d’ailleurs les plus demandés par les élèves, avides d’autonomie et d’air libre.
L’IME souhaite justement, le plus possible, accompagner les élèves à l’extérieur du centre pour leur permettre de s’insérer dans le « milieu ordinaire ». Alors l’école multiplie les partenariats (en baisse en raison de la pandémie) pour proposer des activités éducatives, professionnelles ou sociales à extérieur de l’établissement : piscine, équitation, passage du BSR, préparation au permis de conduire, partenariat avec la médiathèque de la Ville ou avec Emmaüs, stage dans une crêperie de Tréméven pour n’en citer que quelques-uns… Les enfants vont aussi en « classes externalisées », au sein du collège Jules Ferry ou du lycée Roz Glas, afin de continuer l’apprentissage en milieu ordinaire. L’établissement accompagne enfin les jeunes pour leur permettre d’être autonomes dans leur logement : si l’école est dotée d’internats, certains élèves plus âgés sont d’abord amenés à faire leurs courses et à se faire à manger, puis se voit proposer pour les plus de 18 ans la possibilité de se loger à l’extérieur du centre, dans Quimperlé. Pour pouvoir un jour voler de leurs propres ailes.
Un nouveau bâtiment pour s’ouvrir
Le 3 août 2015, un incendie a détérioré un des bâtiments du site. Heureusement, en cette période estivale, personne n’était sur place. Alors, aux côtés de l’Agence Régionale de Santé Bretagne, la Ville participe financièrement à la reconstruction qui débutera en septembre et s’articulera autour de deux tranches : la première réalisation qui verra le jour début 2024 comprendra des salles de classe, d’activités, des bureaux et l’internat ; une autre tranche symbolisera l’ouverture de l’école sur l’extérieur avec une salle de réunion et une salle de sport utiles à l’ensemble des acteurs de la ville, ainsi qu’un restaurant d’application qui sera ouvert au quartier et accueillera lui aussi des personnes extérieures à l’IME. A l’avenir, il y aura deux entrées : l’une pour les personnes extérieures et l’une pour le personnel. « Le bâtiment sera biosourcé et accueillera une chaufferie au bois pour alimenter l’ensemble de l’établissement. Autre singularité, il a été prévu pour pouvoir accueillir un public en situation de handicap lié à l’autisme (murs arrondis, lumière…) » précise Patrick Barbier, le Directeur Général de l’APAJH 22-29-35.
Nous avons la chance d’avoir sur notre territoire une structure comme l’IME, qui accompagne les personnes en situation de handicap durant toute leur scolarité. C’est une vraie bouffée d’oxygène pour les élèves et leurs familles de savoir qu’ils peuvent compter sur un accompagnement de longue durée, dans une logique d’inclusion, afin de véritablement inscrire les personnes dans la vie de la cité. C’est d’ailleurs à cet enjeu que répond la future résidence inclusive de la rue Leuriou, au sein de laquelle des logements seront dédiés à des personnes en situation de handicap, en cœur de ville. Ces personnes font pleinement partie de la vie de notre commune et le marché de Quimperlé en est un bel exemple : on y trouve les produits de l’ESAT de Scaër, de l’atelier horticulture de l’IME mais aussi de l’ESAT de Cornouaille gérée par Les Papillons Blancs 29. Ce soutien de la Ville date de 1976, à la création de l’école. La Ville avait alors décidé de louer à l’APAJH du Finistère un ensemble immobilier pour accueillir l’Institut Médico-Éducatif. Après l’incendie d’août 2015, compte tenu de la situation difficile dans laquelle se trouvait l’association, nous sommes allés plus loin en cédant à l’APAJH cet ensemble à un euro symbolique. La Ville a aussi reversé l’indemnité de sinistre de 252 000 € et les loyers de 2016 et 2017 pour 128 000 €. L’enjeu était de créer les conditions d’un projet de reconstruction inclusif et ouvert sur la ville. Pour permettre sa réalisation, et en particulier la création d’un nouvel accès et des places de stationnement rue de Trélivalaire, nous avons également procédé à une révision « allégée » du Plan Local d’Urbanisme (PLU) en 2017.
Marie-Madeleine Bergot, adjointe aux solidarités et aux personnes âgées
Juillet 2021
C’est à Quimperlé, avec l’IME François-Huon, qu’est née l’APAJH 29 (Association pour Adultes et Jeunes Handicapés) en 1976. Intégrée au groupement APAJH 22-29-35, elle accompagne à tout âge les personnes en situation de handicap pour qu’elles soient autonomes dans leur vie de tous les jours.
« Inscrire les personnes en situation de handicap autant que possible dans le droit commun ». C’est l’objectif fondamental du groupement APAJH 22-29-35 selon Patrick Barbier, son directeur général. Cela implique « que notre accompagnement se fasse davantage dans les lieux habituels de vie des personnes : dans leur scolarité, le monde professionnel ou leur vie sociale ». Aux tous débuts de l’aventure, l’Institut Médico-Éducatif (IME) de Quimperlé a vu le jour pour agir sur le champ de la scolarité auprès des jeunes en situation de handicap. La question s’est ensuite posée de l’accompagnement dans le champ professionnel : de là est né l’ESAT (Établissement et Service d’Aide par le Travail) de Scäer qui emploie des personnes handicapées dans les domaines des espaces verts, du travail du bois, de l’agriculture biologique et vend d’ailleurs ses produits (charcuterie) sur le marché de Quimperlé. Et quid des personnes qui n’ont pas les capacités ou la possibilité de travailler ? Le foyer de vie du Rumain à Bannalec est ainsi né et accompagne les personnes dans leur vie sociale en proposant des activités culturelles, sportives ou pédagogiques pour développer le lien social. C’est avec les créations successives de ces 3 structures complémentaires que l’APAJH 29 était née.
La réunion depuis 2019 de l’APAJH 22-29-35 au sein d’un groupement a permis d’ « avoir plus d’efficacité, de mener des projets d’importance et de coller à la réalité des besoins des personnes » selon Christian Mourice, président de l’APAJH 29. Aujourd’hui, ce groupement compte 300 salariés dans plus de 15 établissements et services intervenant sur le champ de l’enfance, l’adolescence mais aussi de l’adulte. A Quimperlé, l’APAJH est présente à travers l’IME mais aussi « Trajectoires 29 », une toute nouvelle plateforme intégrant des services ambulatoires : le SESSAD (Service d’Éducation Spécialisée et de Soins à Domicile) qui intervient pour maintenir les personnes en situation de handicap dans une situation de scolarité ordinaire, et le SAVS (Service Accompagnement à la Vie Sociale) qui s’adressent aux adultes. Un dispositif de coordination des parcours de vie y est mis en place pour permettre une continuité de l’accompagnement entre l’âge enfant et l’âge adulte. « Tout est mis en place pour inscrire les personnes dans leur territoire, maintenir le lien social, en proximité avec leur lieu de vie habituel » résume Philippe Barbier.
C’est d’ailleurs pourquoi l’APAJH a pour ambition de développer les modes d’hébergements en ville : à travers le foyer de jeunes travailleurs de la rue du Couëdic, mais aussi avec l’arrivée de la future résidence inclusive de la rue Leuriou dont 4 appartements seront mis à disposition de l’APAJH pour loger des personnes de l’IME, de l’ESAT ou du foyer de vie. Un moyen supplémentaire de permettre l’inclusion des personnes en situation de handicap au cœur de la vie de la cité.
Juillet 2021
Comme tous les ans, les élèves de l’atelier horticulture et espaces verts de l’IME vendent leur production sur les marchés. Mais cette année, le travail dans les serres s’est fait au service espaces verts de la Ville.
En cette semaine pluvieuse de la mi-mai, des élèves en situation de handicap et leur éducatrice technique spécialisée Maryline Le Louët travaillent dans les serres municipales, au service espaces verts, à Kervidanou. Le projet de reconstruction de l’IME a en effet poussé la Ville à mettre deux tunnels à disposition du groupe horticulture et espaces verts encadrée par Maryline. C’est ici que 16 jeunes de 14 à 23 ans travaillent depuis février en petits groupes sur la préparation de plantes fleuries, grasses, aromatiques, d’intérieur… Une production proposée à la vente sur les marchés de Moëlan-sur-mer et Quimperlé durant le mois de mai. L’argent collecté est ensuite reversé à la coopérative scolaire pour financer des projets de sortie : classe de mer, kayak, restaurant, atelier radio…
Une démarche d’inclusion
Ce mercredi, tandis qu’une partie de l’équipe entretient les espaces verts de Baye, l’autre réalise des jardinières et range les productions rapportées du marché de la veille, à Moëlan. « On a bien vendu, on a vraiment cartonné » se réjouit Maryline en constatant le peu de plants encore disponibles à la vente. Les marchés, Angélique, 20 ans, n’en dit que du bien : « Ce que j’aime, c’est le contact avec les gens et discuter avec les personnes, notamment quand je vends notre production ». Non loin d’elle, Alexis, 17 ans, s’active dans la serre mais ne participe pas aux ventes car son projet professionnel est véritablement centré sur les espaces verts. « On adapte chaque année le planning des activités au projet professionnel du jeune. Il se spécialise à mesure que son projet se construit, c’est très individualisé » précise Maryline. Habitué à pêcher aux Gorrêts avec son grand-père, Alexis, a toujours adoré être à l’air libre et a construit son projet de CAP autour de cela. « L’important pour moi c’est d’être dehors, dans la nature, avec les fleurs » explique-t-il. Partagée par beaucoup d’élèves de l’IME, cette aspiration participe fortement au succès de l’atelier d’horticulture. Une attractivité d’ailleurs renforcée par le marché de l’emploi et la demande dans ce domaine.
Gagnant-gagnant
Sortir, c’est aussi la volonté de l’association qui souhaite que les jeunes aient des activités en dehors de l’enceinte de l’IME. Le travail dans les serres municipales correspond bien à cet objectif et participe à un échange vertueux : les élèves ont aidé les agents communaux à faire des jardinières et du rempotage au mois de mars, contribuant ainsi au fleurissement de la ville, tout en apprenant du savoir-faire des agents. Un échange gagnant-gagnant qui participe au changement de regard et à l’inclusion des personnes en situation de handicap dans le monde du travail.