Originaire de l’Est de la france, Arthur Courtier naît le 11 février 1869 dans une famille bourgeoise. Il exerce comme instituteur, puis professeur d’allemand au collège Jules Simon de Vannes durant plusieurs années. C’est son mariage en 1893 avec Joséphine Le Stunf qui l’amène à s’installer à Quimperlé vers 1909.
En 1895 sa femme donne naissance à leur première et unique fille, Marie. Une quinzaine d’années plus tard, Arthur Courtier change radicalement de profession et s’installe comme marchand de vin sur le Quai Brizeux. C’est en mai 1912 que l’homme se présente aux élections municipales contre Jules Le Louédec, le maire sortant, un adversaire redoutable. De par son éducation, ses formations, et son ouverture d’esprit, Arthur Courtier a lui aussi des atouts : adhèrent pendant plusieurs années au parti socialiste et se réclamant des républicains de gauche, sa liste est une liste de “concentration républicaine” composée de socialistes unifiés, de républicains de gauche, de “progressistes” et de “réactionnaires”. Le dimanche 5 mai 1912, Arthur Courtier et son équipe l’emportent largement avec plus de deux cents voix d’avance ; avec 1612 votants, la participation a été forte : 77%.
Porte-drapeau en 1914
Début août 1914, à 45 ans, le maire est mobilisé sur le front. Il déclarera plus tard qu’il aurait dû en être
dispensé, mais c’est un patriote ; affecté comme porte-drapeau à maubeuge, il est fait prisonnier
comme près de 40 000 soldats lors de la chute de la place forte. Pendant plus de 2 ans, il connaît une
détention très dure et tombe gravement malade.
La Suisse l’accueille comme convalescent ; il y reste quelques mois jusqu’à juin 1917, avant son retour
à Quimperlé le 5 août 1917. Son statut spécial de prisonnier libéré lui interdit de participer activement
à la guerre, mais il reste mobilisé. Il est chargé de la garde d’un camp de prisonniers allemands à Saint-
Nazaire. Il reste absent de Quimperlé jusqu’à l’armistice de novembre 1918.
Retour en mairie en 1919
En 1919, il peut enfin se consacrer entièrement à son mandat, alors que celui-ci touche à son terme. Il réorganise et augmente les traitements du personnel municipal, fait donner à la grande rue le nom du grand maire (et sénateur) qu’a été Alexis Savary. Il réaffirme ses préoccupations sociales en obtenant l’autorisation de créer un Office public d’habitations bon marché. Mais la fin de la guerre est tendue et rétablit des élections. Le Louédec, est en quête de revanche et multiplie les attaques, parfois grossières et calomnieuses contre Arthur Courtier. Il le présente commel’acteur de la chute de maubeuge et comme un mauvais administrateur qui n’a pas tenu ses promesses. Cette attitude est jugée
sévèrement par les propres amis de Le Louédec, qui l’évincent aux élections législatives.
De nouvelles élections
Aux municipales, Le Louédec, sait bien manœuvrer, et profite de la division de ses adversaires et de la poussée des socialistes, sans rien leur promettre. S’ajoutent à cela les
graves problèmes de santé de Courtier, qui l’affaiblissent et le fragilisent. Au premier tour, Le Louédec arrive en tête mais sans majorité absolue. Entre les deux tours, le 3 décembre 1919, Arthur Courtier meurt brutalement, et plonge alors son équipe en plein désarroi. Le 7 décembre 1919, Le Louédec l’emporte après avoir rejeté la demande d’une liste d’union de ses adversaires.
Cette période marque donc le retour durable de Jules Le Louédec, maire incontesté et tout puissant de Quimperlé.
Après son décès en 1931, c’est son fils qui reprendra sa succession jusqu’au début des années 60.
La place Arthur Courtier
A l’occasion du centenaire de l’armistice, et pour rendre hommage à ce maire qui a œuvré dans l’ombre au coeur de la grande guerre, la municipalité a décidé de nommer la nouvelle place du carrefour de mellac : “place Arthur Courtier”. Elle a été inaugurée le 22 décembre 2019 après plusieurs mois de travaux.
Sources : Alain Pennec et yvette tibulle. “Centenaire de l’armistice du 11 novembre 1918.
Arthur Courtier, un maire méconnu au coeur de la Grande Guerre (1912-1919)”,
Bulletin N°47 de la Société d’Histoire du Pays de Kemperle, novembre 2018.